J'habite à la limite des Yvelines, juste un pont nous sépare ou une forêt nous relie, selon les routes que j'emprunte. Cette semaine, c'est en prenant deux bus, un longeant la Seine (un parcours que je connais bien et dont je me réjouis à chaque fois), l'autre traversant la forêt de Saint-Germain-en-Laye, que je me suis rendue à Poissy. Ville connue architecturalement par sa collégiale datant du Moyen-Age ou la Villa Savoie de Le Corbusier, mais qui est aussi la ville de résidence de Théophile Bourgeois, architecte communal du Poissy, ainsi que de nombreuses villes des Yvelines et de Normandie, notamment dans des stations balnéaires. Il est aussi l'auteur de l'ouvrage 'La Villa Moderne", où il présente les façades, les plans et les devis pour 100 constructions différentes.
En faisant des recherches, j'avais trouvé la référence de trois maisons, dont il était l'architecte, avec des portes "Art Nouveau", ornées de "coup de fouet" et cela m'avait suffisamment intriguée pour me décider de profiter d'une journée libre de fin d'été pour m'y rendre.
Venant à pied depuis la collégiale, j'ai d'abord vu l'hôtel de M. Bourgeois, bâti en 1894 à l'angle de l'avenue Meissonier et l'avenue Emile Zola (ancienne avenue de Migneaux, du nom de l’île juste en face) , il abritait sa demeure et son
atelier. De style éclectique, mélange d'anglo-normand et de néo-médiéval, avec l'utilisation de différent matériaux, cette imposante bâtisse n'est pas sans intérêt. Il l'avait imaginée comme une vitrine de tout son savoir faire. Très bien située près de la gare toute proche, elle a une vue privilégiée sur la Seine.
En tournant le coin de la rue, une porte avec des ferronneries Art Nouveau m'a indiqué que j'étais arrivée au bon endroit.Il s'agit d'un ensemble de trois maisons, dans le prolongement de son hôtel particulier, qu'il a construit, en 1901, pour ses enfants. A première vue, elles semblent quasiment identiques, mais en fait, même si l'ensemble est très homogène, chacune a ses particularités y compris dans le travail de fer forgé en "coup de fouet" des portes d'entrées.
Il s'agit donc de trois maisons, avec chacune une porte d'entrée et une de garage au rez-de-chaussée, qui s'ouvrent sur un corps de bâtiments alignés, au-dessus duquel reposent trois terrasses différentes, dont seule la centrale est ouverte. Chaque porté d'entrée a un encadrement en pierre blanche et briques, en coup de fouet. De nous jours, chaque entrée a été repeinte de couleurs différentes et seule les portes du n°7 sont conservées en bois naturel. Il en va de même pour le fer forgé et les huisseries du plus pur style Art Nouveau.
N°3
N°5
N°7
Ces portes sont les seules mentionnées comme appartenant à l'Art Nouveau et certes, le reste des bâtiments correspond plus au style anglo-normand dont est coutumier l'architecte. Cependant, il faut lever les yeux lorsqu'on observe des façades et, même si en cette saison, la feuillure des arbres empêche de bien voir, l'étage des combles du n°7 a deux panneaux peints de chaque côté de la fenêtre qui rappellent les motifs des papiers peints de Guimard.
Il est fort probable que Guimard et Bourgeois se soient rencontrés. En tout cas le deuxième devait très certainement connaître l'oeuvre du premier. Il est une intéressante coïncidence que l'un est publié un ouvrage ayant pour titre "L'Habitation Moderne" et l'autre "La Villa Moderne" ...
Théophile Bourgeois, en tant qu'architecte de la ville, a beaucoup construit à Poissy, mais seuls ces 3 bâtiments ont des caractéristiques clairement Art Nouveau. D'autres, comme l'immeuble au 6 rue de la Gare, en ont quelques motifs sculptés.
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En arrivant dans la ville, j'ai été attirée par cet immeuble en meulière, avec deux bow-windows, situé non loin de la gare, aux 8 et 10 avenue Maurice Bertheaux, avec des ferronneries clairement d'un style proche de l'Art Nouveau géométrique. J'ai cherché désespérément des informations à ce sujet sur Internet, sans rien trouver. Je m'interroge sur l'architecte: serait-ce Théophile Bourgeois ou un de ses fils ? Ou bien ...