samedi 23 juin 2018

Casa Manuel Felip, carrer d'Ausiàs Marc, 20, Barcelone - architecte Telm Fernández i Janot, 1905-13

Depuis l'an dernier, grâce à "Cases Singulars", il est possible de visiter l'intérieur moderniste de cet immeuble de l'Eixample, proche de la place Urquinaona, qui abrite la fondation Vila Casas. 
J'ai donc suivi la visite guidée, qui a lieu chaque vendredi, lors de mon dernier séjour à Barcelone. Nous n'étions que 2 personnes, ce qui m'a laissé le temps de faire nombre de photos et d'échanger avec la guide (une jeune étudiante d'histoire de l'art, qui connaissait plutôt bien son sujet).

J'avais déjà remarqué cet édifice, notamment son vestibule d'entrée, il y a quelques années et j'avais pu prendre quelques photos de bonne heure, un matin d'hiver, alors qu'il était encore illuminé.


Bien sûr, j'étais resté sur ma faim, comme cela m'arrive tant de fois, puisque la grande majorité des intérieurs sont interdits au public. Souvent gardés par des cerbères qui ne tolèrent aucune photo, alors que d'autres fois, rares, j'ai eu droit à un accueil souriant, voire à des explications sur les lieux. Ce qui est toujours très agréable et participe à la connaissance de l'Art Nouveau.

La façade n'a rien d'extraordinaire, elle est même très symétrique avec juste un grand balcon pour l'étage principal, celui de la famille Felip, encadré par deux bow-windows qui s'élancent sur deux étages et culminent par un balcon. 


La porte d'entrée, en bois et fer forgé est surmontée d'un cartouche avec l'initiale sculptée du nom de propriétaire de la maison.


Le vestibule est bien plus intéressant avec un décor de sgraffites ainsi qu'une large bande de marbre travaillée avec des motifs floraux à la fois piquetés et peints. Technique que nous retrouverons sur le sol de couloir de l'étage principal.


L'escalier, avec sa rambarde et le luminaire en fer forgé (oeuvre de Manuel Ballarín), ainsi que le décor de la cage de l'ascenseur, donnent un aspect féerique à l'ensemble. 


Lors de la visite guidée, nous avons accès uniquement à l'étage principal, où habitait la famille de Manuel Felip, industriel textile, auquel on accédait par l’escalier monumental. 
Une porte avec une lorgnette en forme de tournesol (fleur faisant partie des plus fréquentes représentations florales de l'Art Nouveau), ouvre sur l'appartement dont je vais faire la présentation en divisant mon article par techniques et matériaux, pour commencer par les vitraux, qui y sont spectaculaires. 


Les vitraux :

Très présents dans tout le premier étage, ils sont visibles, pour certains, à partir de la cage d'escalier. Les motifs floraux y sont très présents, avec de nombreuses représentations d'iris sur les fenêtres des zones communes.




Le salon-salle manger comporte de nombreux vitraux. Le principal mesure dix mètres de long et deux de hauteur. Il représente un paysage bucolique qui encadre les trois grâces. Il est attribué au maître verrier Antoni Bordalba, connu pour ses vitraux du Círculo del Liceo (1905) au Gran Teatro del Liceo, sur les Ramblas. 
Dans ce vitrail, il mélange matières et styles : utilisation de verres de différents types (cathédrale et américain), certains peints à la main et d'autres en relief. Un magnifique paon, orne la frise du côté gauche.





Les différentes issues combinent des huisseries en bois sculpté et des vitraux ornés de motifs floraux.



Les sols :

le sol de la salle manger conserve des fragments de mosaïques attribués à Lluís Bru i Salelles, qui reprennent des motifs floraux semblables à ceux des vitraux des portes et celui gravé par piquetage dans le marbre des couloirs et du vestibule. 


Dans de nombreuses pièces, le sol est recouvert d'un parquet en marqueterie de bois, comme dans la chapelle ou le salon des invités.


Le bois :

Ce matériau, tout comme les vitraux, est très présent dans l'appartement, sur les sols et les huisseries, ainsi que sur des revêtements en bois des zones communes 



ou encore sur la magnifique cheminée en bois sculpté du salon-salon manger, oeuvre de Lambert Escaler i Milà, auteur de toutes les boiseries sculptées de la pièce, mais qui est bien plus connu par son travail de céramiste.





Les plafonds peints :

Toutes les pièces principales ont des plafonds peints avec des motifs floraux et des boiseries sculptées, . Les lustres sont soit absents, comme dans le cas de la salle à manger, soit sans grand intérêt décoratif, laissant ainsi en premier plan les décorations peintes.


Si vous êtes de passage à Barcelone, je vous invite à réserver une heure de votre vendredi, pour faire la visite de cet intérieur moderniste, qui réserve plus d'une surprise.

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samedi 9 juin 2018

Saint Quentin, Aisne, centre ville

Laissant la gare derrière moi, j'ai traversé le pont et commencé à remonter la forte pente vers le centre ville.
La silhouette du Conservatoire de musique et de théâtre, se détache au loin. D'un style très original, très géométrique, avec de très grand bow-windows qui occupent toute la façade, elle reprend l'architecture flamande à trois pignons.
C'est l'oeuvre de l'architecte de Jean-Bernard Charavel, associé à Marcel Mélendés et Robert Enault.


La porte est surmontée par deux arcs segmentés qui reprennent les motifs et couleurs des pignons au-dessus des fenêtres.


Un peu plus haut, se dresse le bâtiment des Nouvelles Galeries. Reconstruit en 1927 selon les plans datant de 1922 de l'architecte Sylvère Laville. Une frise florale en stuc parcourt tout le haut de la façade, au-dessus des grandes baies vitrées. Le tout est surmonté de deux  phares,  dits les "phares du commerce". Il semblerait que la ville ait été particulièrement attentive à l'éclairage des différents lieux et édifices.
L'intérieur vient d'en être restauré, mais il n'est pas encore ouvert au public.







A mon retour, en descendant vers la gare, je suis passée par derrière et j'ai découvert une partie du bâtiment qui n'est jamais représentée, probablement parce qu'encore non restaurée, mais qui ne manque certainement pas d'intérêt !














Quasiment en face, à l'angle de deux rues se dresse l'imposante silhouette des anciens magasins Seret Frères. Il s'agit en fait, de la reconstruction d'un premier magasin d’ameublement fondé par Jules Seret, détruit par un incendie en 1908. L’architecte Paul-Armand Chérier en recouvre la façade de carreaux en céramique et laisse apparente l’armature métallique. Le tout est dominé par une tour d’angle recouverte d’un dôme de cuivre.


En face, se dresse l’imposant bâtiment des anciens magasins Devred, réalisé en 1922 par Jules Arduin, tout en béton armé. Avec des décors en palmettes.













 Je suis, bien sûr passée par la place de l'hôtel de Ville mais, ma visite ayant eu lieu un jour férié, je n'ai pas pu entre dans le bâtiment qui n'est pas du tout Art Déco, pour y admirer la salle du conseil qui est le bijou Art Déco caché de la ville.


Dans deux chapelles de la basilique gothique, pour remplacer des vitraux détruits pendant la guerre, en 1931/32, Georges Bourgeot a réalisé une représentation de Ste Thérèse et une autre de la Communion, dans un pur style Art Déco, avec notamment de nombreuses roses stylisées.


En face la basilique se trouvent deux édifices mitoyens, appelés les "bow-windows". En béton, avec des décors en briques, ils sont l'oeuvre de Louis Guindez qui les a réalisés en 1932/33.


Non loin de là, se trouve la Criée Municipale, du même architecte, construite en 1928. Avec de belles formes courbes et une mosaïque géométrique.



L'architecture en briques, typique de la région, n'est pas absente et elle y est revisite l'Art Déco. La structure la plus célèbre est la Poste, située juste en face de la basilique. Datée de 1929, elle est l'oeuvre de l'architecte  René Delannoy. Je n'ai pas pu en visiter l'intérieur qui contient notamment un lustre splendide, mais j'ai largement pu admirer les ferronneries de la large porte d'entrée. 




En redescendant vers la gare, j'ai pu admirer trois autres édifices en briques. Les anciens bains-douches construits en 1928 place des Campions par Louis Guindez, le même architecte des bow-windows et de la Criée. Il me semble y avoir également reconnue des décorations de marguerites en céramique typiques de Gentil & Bourdet.


Juste en face se trouve un immeuble, avec une très belle porte et une architecture originale. Construit en 1923 par Lebel et Baudeux.


Plus bas, une autre belle porte orne l'entrée d'un édifice scolaire.


De nombreuses maisons individuelles ont été construites dans le style Art Déco ou en comportent certains éléments.