lundi 18 juillet 2016

Art Nouveau et Champagne 2: Cellier Jacquart (anciennement Cellier Mumm), 1898 - architecte Ernest Kalas

Après ma visite de la Villa Demoiselle, je suis allée me promener dans les rues de Reims, notamment pour aller voir cette magnifique porte qu'une amie venait justement de publier la veille de ma visite et dont j'ignorais tout.
Devenu Centre Culturel depuis l'an dernier, ce lieu a été bâti à l'origine pour abriter les celliers de la société Jules Mumm & Cie, puis repris par la Veuve Clicquot Ponsardin puis par le Champagne Jacquart, Sa façade est inscrite depuis 1997 aux Monuments Historiques.
Il est situé au 4bis de la rue de Mars, à l'est de l'Hotel de Ville, dans une rue somme toute un peu étroite et qui ne met pas en relief ce bâtiment construit en 1898 par l'architecte rémois Ernest Kalas, à qui l'on doit également le pavillon des Maisons de Champagne, lors de l'Exposition 1900.


La façade est composée de deux parties: une partie en brique rouge dans le milieu de laquelle se trouve une grande porte circulaire en fer forgée symbolisant le haut d'un type de tonneau appelé foudre, d'où sa forme arrondie.




La partie supérieure décorative présente en cinq scènes les étapes de la fabrication du champagne: 
la vendange, la vinification, le remuage, le bouchage et le ficelage, enfin l'expédition. Il s'agit d'une mosaïque réalisée par Auguste Guilbert-Martin, sur des dessins de Joseph Blanc et d'Octave Guillonnet.




 


Art Nouveau et Champagne 1: Villa Demoiselle (anciennement Villa Cochet),1904/08 - architecte Louis Sorel

Un petit voyage rapide samedi dernier à Reims, m'a permis de découvrir ce petit bijou Art Nouveau (très) restauré qu'est la Villa Demoiselle, ainsi que d'autres exemples éparpillés dans la ville.
Ma destination première étant la Villa Demoiselle, c'est ici où je me suis attardée, en profitant de la possibilité de visite libre et de faire autant de photos que je voulais aussi bien de l'extérieur (depuis les jardins) que de l'intérieur. Pratiquement tout le temps seule, ne croisant que par moments le groupe de la visite guidée, je me suis réellement régalée, allant de découverte en découverte.
Les intérieurs Art Nouveau conservés et ouverts au public sont rares en France. J'ai déjà mentionné l'Hôtel Bouctot-Vagniez à Amiens, dont le rez-de-chaussée est accessible grâce à des visites guidées. Aujourd'hui, je vous emmène avec moi faire la visite de cette nouvelle demeure.
En faisant la visite à l'envers de celle que j'ai réalisé dimanche, nous partirons de l'extérieur pour aller vers l'intérieur de cette villa qui, d'une certaine manière, a un petit côté château de la Belle au Bois Dormant, avec ces petites tourelles et toits pointus. Bâtie en béton avec un charpente en métal par l'architecture Luis Sorel commanditée en 1890, par Henry Vasnier de la Maison Pommery, mécène et amateur d'art. Celui-ci meurt un an avant que les travaux ne terminent. Elle est reprise par Louis Cochet, nouveau directeur du Domaine Pommery, qui lui donnera son nom. 
Habitée jusqu'en 1970, elle est ensuite abandonnée, puis placée sous la protection de la ville de Reims en 1999. En 2004, Les Vranken la reprennent et décident de la restaurer faisant appel à de nombreux artisans, comme cela était le cas à la Belle Epoque. Ils redonnent ainsi vie à la demeure et nous permettent aujourd'hui de visiter une villa Art Nouveau, avec son intérieur, comme neuve! 
L'entrée actuelle se situe au niveau de la façade arrière de la villa. 















Un petit pont avec une rambarde en bois vert mène jusqu'à une pergola sur laquelle s'ouvrent les fenêtre de la salle-à-manger. 


La villa est flanquée de tourelles latérales, certaines ornées de balcons (avec balustrades en bois vert) que souligne un décor en céramique, (représentant des grappes de raisin et des feuilles de vigne) qui court tout au long de la façade, en son milieu,  ainsi que  sous les toitures (décor géométrique). 




L'entrée principale est recouverte par une belle marquise et flanquée sur le côté par une tourelle qui abrite l'escalier d'accès aux étages et au sous-sol, dont la porte est, elle aussi, protégée par une marquise.




Les bordures de chaque fenêtre sont soulignées par un dessin géométrique de mosaïques vertes.


La visite de la Villa commence par le sous-sol auquel on accède par un kiosque en bois et verre, qui sert d'accueil, ainsi que de salle de dégustation et de vente. A la fin de chaque visite, une coupe de champagne est offerte.


Le passage par le cellier permet d'apprécier des photos du bâtiment avant restauration qui ont permis de reconstituer bien des élèments, comme les peintures murales. Ainsi que des flacons et bouchons de l'époque, dont la fameuse libellule (ou demoiselle) qui a donné son nom au champagne et à la Villa.







Plutôt que faire une visite pièce par pièce, j'ai choisi de présenter les différents éléments ornementaux de l'intérieur de la villa, rubrique par rubrique, en commençant par:

les peintures murales: réalisées au pochoir, créées par Félix Aubert, un des cinq intégrants du groupe français "L'art en tout". Elles ont été restaurées par l'Atelier Hadacek. Elles représentent des motifs végétaux (parfois très géométriques), dont la vigne, déjà omniprésente sur la décoration céramique de la façade.






Les décors céramiques:  les mosaïques réalisées en grès dans les tonalités jaune et bleu, sont d'origine et recouvrent les sols du hall d'entrée et des autres pièces situées au même étage.


Ces céramiques, décorent les murs de la salle à manger.


Les vitraux: Ils sont l'oeuvre d'Auguste Labouret (qui a été, peut-être, à l'origine également des céramiques, car mosaïste, mais je n'ai retrouvé aucune référence dans ce sens). Ils ont été restaurés par l'Atelier Simon Marq. Très présents dans le hall, ils filtrent également et jouent avec la lumière de la montée d'escaliers.




 



 Les luminaires: A l'origine, ils seraient création de la maison Bagués. Ceux qui ont été réalisés pour la restauration sont oeuvre des Métalliers Champenois et  de la Cristallerie Saint-Louis, notamment le majestueux lustre de l'escalier créé à partir de la partie haute qui subsistait seulement. Ils sont en forme de goutte ou de globe.












Les boiseries: Elles sont l'oeuvre de Camille Lefèvre et de de Tony Selmerscheim. Celles de l'escalier sont magnifiquement ouvragées et celles des huisseries très délicates.






Les cheminées: J'ai une passion toute particulière pour les cheminées Art Nouveau. Les plus belles que j'ai pu voir à ce jour, se situent à Barcelone. Mais j'avoue avoir beaucoup appréciées celles de la Villa Demoiselle. Le chef-d'oeuvre principal est certainement la cheminée de Paul Alexandre Dumas qui orne le hall d'entrée. Réalisée en acajou et émail, elle a été présentée lors de l'Exposition de Paris 1900 et s'intègre parfaitement dans la décoration. Ornée d'ombellifères, c'est ce motif qui sera repris sur d'autres cheminées, ainsi que sur un meuble attribué à Majorelle.






Les meubles: La salle à manger contient les meubles d'origines, créés par Gallé.  Henry Vasnier l'avait commandée en 1891: la table (Tables aux herbes potagères) et le dressoir (Chemins d’automne) avaient été présentés au Salon du Champ de Mars en 1892 et en 1893. Cette salle à manger qui ne faisait pas partie du legs qu'il avait fait à la Ville de Reims. Elle est entrée dans ses collections en 2013 et 2014 et elle a retrouvé son emplacement d'origine.




Y est également exposé un comptoir de bar qui serait  l'oeuvre de Gallé et proviendrait de restaurant "Gandon-Fournier", aujourd'hui "Julien" ou de Majorelle et proviendrait du restaurant "Lucas-Carton". De part sa facture, je tendrais à penser que c'est plutôt une oeuvre de Gallé ... En tout cas, il s'intègre parfaitement avec le reste de l'ameublement de cette salle-à-manger.



 



D'autres meubles sont forts intéressants, comme cette console-jardinière décorée de très beaux grès d’Alexandre Bigot et ornée de globes lumineux.



Une console ornée d'ombellifères, des chaises, un lit et une armoire seraient l'oeuvre de Majorelle.





Vases Gallé: Dans une vitrine dont il est probablement également le créateur, sont exposés quelques vases Gallé, dont deux de toute beauté:  Henry Vasnier lui achète, à l’Exposition Universelle de 1900, une potiche au décor d’iris gravés, et un calice orné de raisins dorés et  et d'un pied violet.



Pour finir cet article, je dirais que je trouve dommage qu'il n'y ait pas un catalogue présentant la maison, sa restauration et les objets exposés, ni d'explications (autres que celles d'un guide) lors de la visite. J'ai passé des heures à faire des recherches sur différents sites et documents pour compiler les infos que je viens de présenter. Un travail que j'adore faire et que d'autres n'auront plus à faire en me lisant  tout en découvrant mes photos publiées ici.
Bonne visite!