samedi 30 mai 2020

Maison du directeur de Villeroy&Boch, Magasin d’exposition et dépôt vente - 15, rue Charles-Pêtre, Metz - début des années 1900 (1902?)

Sans le vouloir, ce mois de mai hors du temps, sous le signe du confinement, a été pour moi, celui de l'écriture d'articles concernant la céramique. Si je porte, depuis quelques années, un grand intérêt pour les céramiques Gentil&Bourdet, je m'intéresse également aux autres productions, si tant est qu'elles soient Art Nouveau avec, parfois, quelques incursions dans l'Art Déco.


L'an dernier, en juillet, j'ai passé une journée fort intéressante, sous un soleil de plomb, à Metz, que je découvrais pour la première fois. J'ai parcouru en long et en large l'avenue Foch, sur laquelle j'ai écrit un article l'été dernier. Mais, je suis aussi allée ailleurs dans la Neustadt, cette nouvelle ville, très planifiée et édifiée par les allemands à partir de 1902 et jusqu'en 1918. Notamment, parce que les constructions Art Nouveau y sont bien présentes et relativement nombreuses. Méconnues également, car lorsque l'on cherche "Art Nouveau Metz" sur le net, c'est invariablement la devanture bleue de l'immeuble du centre ville qui revient. Et parfois, cette maison-ci et son magasin de céramiques. J'essaierai de publier les autres exemples d'ici quelques temps;


Sur la photo de droite, publiée dans un article du Républicain Lorrain, sur le magasin, un fronton aujourd'hui disparu, surplombe l'entrée du milieu. Trois immenses baies vitrées permettaient de pouvoir voir tout le matériel en exposition. Aujourd'hui, elles sont fermées par des volets roulants blancs, qui donnent à l'ensemble une allure de garage plutôt que d'un ancien magasin d'exposition. 
La façade du magasin est entièrement recouverte de carreaux de céramique gris-beige, avec une frise d'anémones en relief qui court sous le toit et des vaguelettes bleues et jaunes, avec de gros boutons rouges, qui entourent les ouvertures. 


Sur les jambages, presque au ras-du-sol, il y a des représentations de triton, en vogue à l'époque et déjà déclinées par Gentil&Bourdet, par exemple dans les Halles à Rennes, mais en monochromie. Les maisons de céramiques copiant allègrement leurs motifs, à cette époque.


Plus intéressantes, à mon sens, sont les arabesques en "coup-de-fouet", qui se terminent de forme curieusement très géométrique et carrée, juste au-dessus. 



Séparée des magasins par une magnifique grille en fer forgé Art Nouveau, derrière laquelle se dresse un majestueux cèdre du Liban, se trouve la maison du directeur. Une sorte de gros cube entièrement recouvert de céramique, à la manière d'un catalogue de la production de la maison Villeroy&Foch.


Les deux portes d'entrées de la maison, s'ouvrent sur le côté. La grande pour le directeur et sa famille et la plus petite pour le service. Elles sont entourées de céramiques où les tonalités turquoises dominent. Un arbre de vie s’élance entre elles et culmine en un éventail d'anémones roses. Dans un cartouche, un texte en allemand correspond à une citation de la Bible de l’Épître de Saint Paul.



 Côté rue, un balcon avec une belle ferronnerie dans le style Art Nouveau géométrique. Elle repose sur une console sculptée dans de la pierre de Jaumont (calcaire de Moselle), représentant, encore une fois, des anémones ainsi que deux oiseaux de proie. 


La fenêtre qui donne sur le balcon est surmontée par une frise, avec le visage d'une femme au centre dont les cheveux de mêlent à des anémones toujours sculptées dans la pierre de Jaumont.


L'entourage des fenêtres est en céramiques bleues et blanches, représentant l'eau, avec des anémones aux coins.

Entre le premier et le deuxième étages court une étrange frise, avec un motif de corde nouée et des masques de fauve la gueule ouverte, desquels pourrait sortir de l'eau. Au-dessus d'une des fenêtres, trois anémones en relief sont sculptées dans la pierre ocre de Jaumont.


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