dimanche 12 décembre 2021

Torre Andrés Serra IV, Carrer Rectoria, 19 et Eduard Toda, 15, Terres de Can Mariner - Architecte : Josep Codina i Clapés - 1910; carrer de Salses, 36, - Architecte: Josep Masdeu i Puigdemasa - 1913; carrer de Salses 62, Colonia de Salses - Horta, Barcelone

 J'ai déjà parlé du modernisme d'éstiueig en Catalognedans deux articles précédents, concernant deux villes éloignées, voire très éloignée, de Barcelone : La Garriga et Camprodon. A la fin du XIXe et début XXe siècles, Horta était la campagne sur les hauteurs de Barcelone, avec l'air frais tellement recherché dans ces années d'industrialisation galopante. Ici aussi, des villas modernistes ont été construites pour recevoir la bourgeoisie de classe moyenne de Barcelone, qui venait de s'enrichir grâce à la dite industrialisation  ainsi que des édifices plus modestes, destinés aux employé.e.s de maison, nounous, jardiniers, chauffeurs, ... Ce qui a créé une vraie révolution urbanistique dans des terrains jusqu'ici agricoles. 

Le mois dernier, accompagnée et guidée par l'auteur du blog "Modernisme", grand connaisseur de l'Art Nouveau catalan et bien au-delà, j'ai découvert une partie de ce quartier situé au nord-est de la ville. Les villas intéressantes y sont encore très nombreuses, même si certaines ont été détruites ou horriblement mal rénovées. J'ai fait le choix de n'en présenter que trois dans cet article, mais j'en ai photographié et répertorié bien d'autres. Celles-ci sont celles qui m'ont le plus attirée et présentent des caractéristiques aussi bien du modernisme catalan que des éléments empruntés à l'Art Nouveau français ou belge.

Torre Andrés Serra IV, Carrer Rectoria, 19 et Eduard Toda, 15, Terres de Can Mariner - Architecte : Josep Codina i Clapés - 1910 

C'était la dernière du circuit imaginé par mon ami et collègue de blog. C'est une de mes préférées notamment par son entrée et ses ferronneries fleuries.

C'est également la plus grande des villas de cette rue, en forme de L, avec une surélévation crénelée ornée d'ouvertures en arcades et pilastres.  Probablement pour montrer que son propriétaire avait une fortune plus importantes que ses voisins. 

La grille est travaillée en coup de fouet, avec quelques ornementation fleuries et végétales, ainsi que la pergola de la petite terrasse de l'entrée qui est décorée de vitres de couleurs.

La porte d'entrée donnant directement sur la grille de la rue est elle aussi ornée de ferronneries qui reprennent les mêmes motifs floraux. Un lustre en verre coloré pend de la pergola et doit pouvoir éclairer toutes les décorations de vitres colorés, en donnant un bel effet de nuit. 

Une porte perpendiculaire donne également sur l'entrée. En forme de champignon, elle est décorée de ferronneries comme le petit balcon de la fenêtre adjacente.


Aujourd'hui, cette villa donne sur une petite rue, le carrer Rectoria et elle a une façade quasiment aveugle, si ce n'est une toute petite porte, sur une rue bien plus importante, le carrer Eduard Toda. L'explication est qu'à l'origine, il y avait uniquement le carrer Rectoria qui débouchait sur des vignobles et le cours d'eau Mariner. Elle est la dernière de toute une série de 4 maisonnettes basses, du même architecte, connues comme Torres Andrés Serra. 

Carrer de Salses, 36, - Architecte:  Josep Masdeu i Puigdemasa - 1913

Ma façade préférée entre toutes. Il s'agit de deux immeubles accolés et traités "en miroir", d'un modernisme éclectique avec des roses Mackintosh. 


L'architecte moderniste Josep Masdeu i Puigdemasa a une œuvre présentant des influences multiples de différents courants de l'Art Nouveau. 
Ici, il reprend l'ouverture circulaire (très fréquente dans l'Art Nouveau belge) sans la traiter vraiment mais juste pour entourer les deux portes d'entrées. 


L'arc est construit en briques rouges et réhaussé par des "trencadis"(mosaïque faite de morceaux de céramiques ou de vaisselle cassée, imaginée par Gaudi) verts qui sont également repris sur le haut des portes et des fenêtres. 


Les fenêtres de l'étage ont une forme crénelée qui leur donne un petit air mauresque, fréquente dans le modernisme catalan. Son sommet avec triple rangée de tuiles et de briques rappelle certaines "masias" (fermes) catalanes. 


Les balcons ont des ferronneries très simples avec de discrets élément en coup de fouet. Leur base avec des éléments végétaux est très classique dans le modernisme catalan.

Carrer de Salses 62, Colonia de Salses

Cette rue était bordée d'acacias, aujourd'hui en partie disparus et les familles sortaient leurs chaises sur le pas de la porte, pour bénéficier de leur ombre et bavarder.

Les petites maisons accolées y sont nombreuses, comme celles-ci avec un discret décor Art Nouveau de marguerites.



Certains éléments de cet article proviennent de la lecture du livre (en catalan uniquement) de Carlota Gimenez y Compte "Estiueig i modernisme des de final del segle XIX".