lundi 29 mars 2021

Ancien Hôtel Pams (1896 à 1902), 18 rue Emile-Zola - Perpignan - Leopold Carlier,Viggo Dorph-Petersen, architectes - Paul-Jean Gervais et Henri Gervex , peintres - Victorien Antoine Bastet, Gabriel Faraill et Raymond Sudre, sculpteurs


Je pensais l'hôtel Pams de Perpignan fermé, comme tous les musées et monuments, en France. Je m'en voulais même de ne pas être allée le visiter avant, depuis mon installation dans la région. Mais, j'ai appris qu'il s'agissait également d'une galerie d'exposition et que pour cela, il était partiellement ouvert. C'est-à-dire, que les pièces (nombreuses) qui mènent à la halle d'exposition, sont visitables, en suivant un parcours balisé. Il ne m'en fallait pas plus pour que je m'y précipite tellement je me sens en manque d'Art Nouveau. 

« Héléna », sculpture de Raymond Sudre

L'architecture extérieure de l'hôtel est antérieure à l'Art Nouveau et ne correspond pas au style. Plusieurs immeubles de la rue portent le nom de JOB, inscrit en différents endroits. Ce qui montre bien l'importance de l'industrie du papier cigarette depuis le 19e siècle. 



Cela peut expliquer le manque de travaux de recherches concernant la structure et la décoration intérieure de cet édifice, tout à fait intéressant, qui fait partie du cercle très restreint des bâtiments dont la décoration intérieure Art Nouveau a été conservée. Par contre, l'histoire des propriétaires est bien connue et reproduite un peu partout.
Pendant la deuxième moitié du 19e siècle, Pierre Bardou, fils de Jean Bardou, fondateur de l’entreprise JOB, le créateur du papier à cigarettes du même nom, s'est fait acquéreur de plusieurs propriétés sur la rue Émile Zola. À sa mort, son beau-fils Jules Pams, qui était avocat et homme politique, a demandé à l’architecte Léopold Carlier de rénover son hôtel particulier. J'ai également trouvé des documents qui mentionnent la participation de Viggo Dorph-Petersen, architecte éclectique avec de nombreuses constructions à Perpignan et dans la région, sans qu'il y soit indiqué en quoi elle a consisté. 
Léopold Carlier n'est pas un architecte Art Nouveau, même si son œuvre est produite entre la fin du XIXe et début du XXe et que, donc, certains élément de ce style puisse occasionnellement s'y retrouver. C'est un architecte très prolifique notamment dans l'Hérault. Il est l'auteur d'une architecture entre régionaliste et républicaine commanditée par une clientèle fortunée, dont Pams n'est pas l'exception.
C'est ainsi que, à mes yeux, l'intérêt de cette hôtel particulier ne consiste nullement en son architecture, mais bien en sa décoration intérieure qui se rattache au style Art Nouveau.

Hall d'entrée.

L'immeuble est construit sur un terrain à deux niveaux. On y entre par un hall, éclairé grâce à un pavage de verre (Gustave Falconnier, architecte suisse aurait inventé les briques de verre à la fin du 19e siècle), au plafond,  ainsi qu'une coupole qui illumine également le premier étage.


Immédiatement, le regard se porte sur les immenses peintures de Paul Gervais qui ornent les murs et le plafond de l'escalier monumental, 



Puits de jour et salons : 

Au premier étage, des panneaux peints d'allégories sont encadrés des boiseries finement sculptées avec un motif d'olivier, qui alternent avec les portes et les baies vitrées ornées de gravures sur verre. 




Au deuxième étage, le décor est donné par des scènes peintes de Port-Vendres et ainsi des décors floraux.


Les salles autour de cet espace ne peuvent pas se visiter actuellement et correspondent à des salons de réception de la Ville de Perpignan.

Hall d'accès à la cour intérieure et à la halle métallique:

Les huisseries des portes sont remarquablement travaillées, avec un décor de salamandre sur les poignées. 


Sur les murs, se trouvent des reproductions peintes des allégories décrites pour le puits de jour. Peut-être s'agit-il de maquettes ou de premières ébauches.
Le plafond est composé de caissons décorés de feuilles de marronniers, très fréquentes dans l'Art Nouveau. 


Cour intérieure :

Deux panneaux en faïence peinte au décor floral Art nouveau,  encadrent un panneau central de mosaïque bleu et or qui sert de fond à un jeune joueur de flûte en bronze.



Au centre de la cour se trouve une nymphe en marbre signée Bastet (1896) ainsi qu'un petit bassin. Des lampadaires ornent les angles, sous un médaillon "JOB". 



Grande pièce/bureau de Pams.

Cette grande salle n'a que peu d'intérêt si ce n'est la présence d'une belle cheminée et des tableaux de Jules Pams et celui de sa femme, au château de Valmy, dont on aperçoit un vitrail Art Nouveau sur la droite. 



Petite pièce avant la halle : 

Dans une petite pièce, avec aujourd'hui quelques armoires et une penderie, se trouve un bon vitrail "Job", ainsi qu'un panneau de faïence peinte, avec une allégorie florale, un peu dans le style de celle du puits de jour. Aucune indication, mais je me pose la question si, à l'origine, elle n'aurait pas fait partie du décor floral de la cour. 




La halle en fer :

Ancien atelier de manufacture, aujourd'hui salle d'exposition, elle est recouverte d'une verrière et a un immense vitrail aveugle, qui devait donner à l'origine sur l'emplacement actuel de la cour.


Un petit four est curieusement placé près d'un escalier d'accès, probablement remisé dans cet espace, après une rénovation.

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