dimanche 11 avril 2021

Immeuble de rapport et commerces, 25 rue du Temple. Architectes : Edmond Herbé et Maurice Deffaux. 1922, céramiques Gentil et Bourdet-Reims

Au début de l'été 2019, je suis retournée à Reims, sous prétexte de suivre une visite guidée Art Déco, que j'ai très vite abandonnée, tellement elle était loin de ma conception d'une visite agréable et intéressante. Cela ne m'a guère chagrinée car mon objectif principal était de voir toutes les façades avec des céramiques Gentil et Bourdet que j'avais repérées grâce à leur site (malheureusement inaccessible depuis plus d'un an) et peut-être d'en découvrir de nouvelles.
Je ne pense pas avoir vu autant d'exemples en quelques heures. Lors de sa reconstruction, après que la ville a été détruite à près de 70%, pendant la Première Guerre Mondiale, les céramiques Gentil et Bourdet ont été abondamment utilisées. Tellement nombreuses que je ne pense pas les avoir toutes vues, même si j'en ai trouvé qui n'était pas cataloguées et que j'en ai découvert également d'autres qui leurs sont attribuées sur Internet, ailleurs que sur leur site. J'avais prévu de sillonner la ville de haut en bas, mais le mauvais accueil reçu (il y a eu la guide, mais aussi celui dans les restaurants ou terrasses où -est-ce le fait d'être une femme seule?- je me suis littéralement sentie persona non grata ou totalement ignorée), ne m'a pas donné envie d'y rester longtemps. J'ai même avancé l'heure de mon retour. Je n'ai pas souvenir d'avoir eu une aussi mauvaise impression, dans une ville, lors d'un de mes paseos. Heureusement, la beauté des céramiques architecturales l'a largement compensée.
Mon malaise a été tel, que j'ai commencé cet article il y a deux ans, avec beaucoup de mal à l'écrire. De fait, l'idée au départ avait été de publier toutes mes trouvailles mais j'en suis encore incapable. J'ai donc décidé de publier ce que j'ai écrit sur un des édifices à la fois le plus connu et qui m'a énormément intéressée. 




 

Situé juste en face des Halles du Boulingrin, il s'agit d'un magnifique ensemble architectural dont le rez-de-chaussée est totalement recouvert de céramiques blanches, bleues et dorées, avec des détails ajourés, aquatiques et floraux.
L'immeuble est constitué de deux édifices reliés par un porche qui, bien que dans un même style oscillant entre Art Nouveau et Art Déco, avec des éléments d'inspiration mauresque, sont différents. le tout, tristement en plutôt mauvais état. Au minima, un ravalement des façades est nécessaire. Par ailleurs, les panneaux des restaurants s'y trouvant, tendent à enlaidir l'ensemble. 
La partie de droite compte le plus d'étages , avec deux travées latérales et des cheminées crénelées, alors que celle de gauche (dont le rez-de-chaussée est malheureusement défiguré par les enseignes d'un restaurant) est plus simple.
Dans le décor céramique, nous retrouvons des éléments bien connus de Gentil et Bourdet, comme les tonalités de bleu et les fleurs faites de pastilles blanches et bleues dans l'entourage des portes, dont certaines semblent reproduire un motif aquatique. Ce motif m'a rappelé celui de la piscine Saint Georges à Rennes, également de Gentil et Bourdet, mais encore plus celui de la façade du siège des Eaux Minérales Vals dont les céramiques sont le seul exemple à Paris, rue de Londres, de la manufacture Fourmaintraux et Delassus de Desvres.

                                           
Le haut ajouré des portes d'entrées ainsi que les auvents en béton recouverts de céramiques, apportent un petit air mauresque à l'ensemble, style dont il existe au moins un exemple avec des créations Gentil et Bourdet, à Paris, rue Boileau. 




Hôtel particulier, Richard et Audiger architectes, 
rue Boileau, Paris 16e


Le nom des céramistes est clairement indiqué au-dessus d'une des portes d'entrées. 


L'ensemble devait comporter, à l'origine, une partie commerciale ainsi que des logements sur  la rue et une fromagerie, côté cour, propriété de Boscher, le commanditaire de l'ensemble, Adolphe Prost, architecte collaborateur d´Herbé serait à l'origine du projet. 
En plus des céramiques qui recouvrent les façades du rez-de-chaussée, il y a d'autres éléments décoratifs intéressant comme des ferronneries typiquement Art Déco, dont d'originaux supports de pots à fleurs aux extrémités des balcons ainsi que des guirlandes fleuries sculptées dans la pierre.



1 commentaire:

Classicdriver a dit…

Un grand merci de nous distiller ces petites ballades esthétiques dans vos billets qui sont toujours appréciés. Je dois dire que je regarde toujours avec un intérêt particulier ceux qui discutent comme celui-ci de Gentil et Bourdet car ma maison à en façade un gros tournesol comme celui de la villa Les Roches à Nancy, des briques emaillées, macarons et cheminées prusiennes de G&B. Merci