mardi 14 juillet 2020

Immeuble 15 rue Perrichont - Architecte Joachim Richard, 1907 et Hôtel Gaston-Damois, 40, rue Boileau - Architecte - Henri Audiger et Joachim Richard, 1908 - Paris XVIe - Céramiques Gentil & Bourdet

Cela fait quelques années que je connais l'hôtel Gaston-Damois, aujourd'hui Ambassade d'Algérie et  je l'incluais, jusqu'il y a peu, dans mes visites guidées "Hector Guimard", dans le 16e, que je ne fais plus. 


L'an dernier, par hasard, je suis passée avenue Perrichont et j'ai découvert cette autre construction du même architecte, Joachim Richard, toutes deux entièrement recouvertes de céramiques Gentil & Bourdet. Mais, ce jour-là, je n'avais pas eu l'occasion d'en faire des photos. Cependant, je ne l'avais pas oubliée et je l'ai inclus dans un "paseo" que j'ai fait à la fin du mois de juin, dans le 16e.
Joachim Richard, architecte d'origine savoyarde, a été élève de Victor Laloux tout comme Gentil & Bourdet. C'est probablement pour cela qu'il utilise leurs grès flammés pour ces deux constructions (ainsi que, dans une moindre mesure, dans d'autres ultérieures, comme le 56 Rue des Entrepreneurs ou le 136, avenue Émile Zola dans le 15e). Très prolifique, il s'associe tout d'abord à Henri Audiger, avec qui il travaillera de 1895 à 1908, puis créera son propre cabinet d'architecte, qu'il installera au 15, rue Perrichont. Pour ces constructions, il adopte le béton armé et utilise le système Hennebique, en adoptant le style d'Anatole de Baudot, l'architecte de l'église Saint-Jean de Montmartre à Paris 18e, recouverte de grès Bigot, qui y utilise le ciment armé mais avec un autre système (Cottancin). 

Immeuble 15 avenue Perrichont


Il s'agit d'un immeuble de 6 étages dont la façade se divise en trois travées. La travée centrale comporte la porte d'entrée, légèrement décalée sur la droite, avec un magnifique entourage de motifs céramiques de branches de marronniers, dans les tons ocres et bruns, avec une base bien dans l'esprit de l'Art Nouveau. 


Une anecdote intéressante est qu'à l'origine le numéro de l'immeuble était une plaque de fonte de Guimard, qui avait ses ateliers juste en face. Ce fait était rapporté sur le blog du Mateur de Nouilles (aujourd'hui malheureusement inaccessible) et une photo en apparaissait sur le blog Gentil & Bourdet (aujourd'hui également inaccessible. Heureusement, les photos se trouvent encore sur le web). 


Toute la surface de la travée centrale, à partir du premier étage, est recouverte d'un motif céramique de feuilles de marronniers ocres, sur fond bleu-vert, qui est repris dans deux bandes horizontales, séparant le rez-de-chaussée ainsi que le dernier étage et deux bandes verticales  encadrant les deux travées latérales.  Ces mêmes bandes sont soulignées par une bordure de boutons,


Les noms des céramistes et de l'architecte se trouvent inscrit sur des plaques placées à l'intérieur de ce décor. La première sur la travée de gauche et la deuxième, à droite au-dessus de la porte d'entrée.



Les travées latérales sont recouverte de briques ocre-jaune, avec des inclusion de briques vernissées vertes. 
Le rez-de-chaussée de la travée droite s'orne d'ouvertures dont l'entourage est décoré de fleurs bleues sur un fond de tesselles ocre-beige et blanc.




Le style néo-mauresque est donné par les frontons en accolade, elles aussi ornées de branches de marronnier, aux volutes bien Art Nouveau, des fenêtres des premiers étages des travées latérales, ainsi que ceux du dernier étage.


Les autres frontons de fenêtres sont ornés d'un cartouche avec de nouveau un décor de branches de marronniers, que l'on retrouve également dans la bande horizontale de feuilles de marronniers.


Hôtel Gaston-Damois, 40, rue Boileau

Cet hôtel particulier reprend bien des éléments de l'immeuble précédent. Il se présente comme un grand cube, divisé lui aussi par trois travées, chaque étage séparé par une frise horizontal. Celle entre le rez-de-chaussée n'étant autre que celle des feuilles de marronniers, avec les cartouches portant le nom de l'architecte et celui des céramistes (je n'ai pris de photo de ce dernier)


La façade de béton est recouverte des mêmes briques ocres, avec de temps en temps, de manière rythmée, de chaque côté des fenêtres des briques vernissées vertes.


Cependant, il y a bien plus d'éléments néo-mauresques ici, ainsi que de détails architecturaux intéressants. 
La troisième travée est ornée d'un magnifique bow-window avec des ouvertures et des ornements différents à chaque étage. Au deuxième, les ferronneries des rambardes des fenêtres au dessin triangulaire, sont ornées de tournesols, comme celles de l'immeuble avenue Perrichont.

Au dernier étage, les frontons des fenêtres ont une forme trilobés, ornée de nouveau avec les feuilles de marronnier. 


 Le porche d'entrée est absolument magnifique. Il supporte un balcon avec des balustres  représentant des boutons de fleurs de pavot, les mêmes que pour la maison GeschwindenHammer, à Nancy et de la villa Emilie, à Fécamp.



Le portail est, quant à lui, recouvert de céramiques, avec des décors de grappes de raisin, ainsi que les jardinières qui ornent les jardinières.


C'est deux édifices sont comme une belle vitrine pour les céramiques Gentil & Bourdet, qui habillent totalement ces constructions qui, sans elles, seraient plutôt très simples.

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