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samedi 1 juin 2019

François Gillet, céramiste - 9, rue Fénelon, Paris 10è

Il y a quelques jours, lorsque je me suis rendue à cette adresse, pour des raisons professionnelles, je m'imaginais même pas ce que j'allais y découvrir.


Dès que je suis arrivée devant la façade, j'ai compris qu'il s'agissait d'un immeuble qui avait abrité un atelier de céramique. J'ai remarqué que le style des décors céramiques de la façade, n'était pas Art Nouveau et j'ai vu deux dates marquées de chaque côté de la porte d'entrée: 1861-1916 . Je me suis donc dit qu'il y avait peu de chance que ce céramiste, que je pensais m'était inconnu, ait travaillé avec des artistes Art Nouveau sauf, peut-être, pendant ses dernières années.


Dès que j'ai poussé la porte d'entrée, j'ai découvert d'abord un intérieur avec des décorations céramiques Art Nouveau, suivi d'un décor mauresque. J'allais découvrir rapidement, que les plaques céramiques Art Nouveau, se poursuivaient dans la cour.

Je me suis ainsi trouvée dans la salle d'exposition du céramiste, par chance, encore conservée. Un peu comme si la façade était la page du couverture d'un catalogue qui se trouvait à l'intérieur. J'imagine qu'à l'époque, cela devait se poursuivre, au moins jusqu'à dans les salles du rez-de-chaussée, dont une des persiennes extérieures présente encore un entourage Art Nouveau, sous une frise représentant l'histoire de l'art céramique à travers les époques.


Je connaissais, bien sûr, en partie, l'oeuvre de François Gillet. Je l'avais déjà mentionné dans mon article sur la Maison Coilliot de Guimard, à Lille. Je lui attribuais les plaques en lave émaillée qu'utilisait Guimard. Cependant, contrairement à ce que je mentionnais dans mon article sur la Maison Coilliot, François Gillet n'est pas l'inventeur de la lavé émaillée. La technique remonte au début du 19è siècle. 

François Gillet décède en 1889 et son fils Eugène reprend l'entreprise. C'est donc avec son fils que Guimard a dû entrer en relation, vers 1895/97. L'architecte va utiliser ce procédé pour la cheminée de son atelier au rez-de-chaussée du Castel Béranger, puis comme décor architectural pour la maison Coilliot et ensuite pour les entourages et enseignes du métro parisien. 

Frédéric Descouturelle du Cercle Guimard a écrit l'an dernier, un article très intéressant sur "La lave émaillée Gillet "façon Guimard"" en deux parties,  riche en informations et où il publie des photos de l'intérieur du 9, rue Fénélon.

A l'intérieur du hall d'entrée de l'immeuble, se trouvent des lambris de lave émaillée au décor Art Nouveau et Art Déco. formés de 5 plaques: une plaque principale,dans le style Art Nouveau, avec un entourage Art Déco et une plaque sommitale mélangeant motifs géométriques et roses réalistes.

 



 Suivant cette entrée, un arc et des panneaux de style mauresque conduisent vers l'escalier et la cour intérieure, qui montrent une immense habilité technique.





Dans la cour, en hauteur, deux grandes plaques horizontales présentent des décors de grappes de raisins et floraux.


Mais c'est surtout sur la partie inférieure des murs de la cour que se trouvent des éléments intéressants: il s'agit de plaques dont seule la partie supérieure est émaillée et qui présentent une ornementation nettement Art Nouveau.



Ces plaques sont très similaires par leur forme et motifs, à celles utilisées dans les entourages de métro de Guimard. Elles sont constituées d'une partie en lave brute et en entourage émaillé. 

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