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samedi 25 janvier 2020

Exposition "Otto Wagner. Maître de l'Art nouveau viennois" - Cité de l'architecture & du patrimoine - Jusqu'au 16 mars 2020


Jeudi dernier, j'ai visité l'exposition en horaire nocturne, avec très peu de personnes, ce qui est toujours plus agréable. Cela donne le temps de flâner, de s’attarder, de lire les panneaux et, ce qui me concerne, de prendre des photos.

Otto Wagner, c'était pour moi, l'architecte de la Sécession viennoise, dont j'avais pu visiter quelques œuvres à Vienne. Cette exposition, très didactique, m'a permis de connaître l'homme aux nombreux projets refusés, à l'enseignant et ses disciples, au créateur "d'Art dans tout", designer de meubles, vaisselle, tissus, affiches et bijoux.


Elle débute par quelques aspects de la vie privée de l'architecte qui venait d'un milieu bourgeois et ne semblait rien avoir d'un révolutionnaire. Mais, en fait, il n'était déjà pas si conformiste que son portrait pourrait le laisser imaginer. Et au fur et à mesure que l'on entre dans l'expositions, l'artiste aux multiples facettes nous est révélé.

Dessinateur et aquarelliste talentueux, ses nombreux dessins parsèment l'exposition. Pour nombre d'eux, il s'agit de projets architecturaux pour des concours, rejetés et jamais réalisé. S'ils avaient été réalisés, j'imagine qu'elle aurait pu être la transformation de Vienne, bien au-delà des quelques œuvres de Wagner qui constellent la ville.

Projet pour le Pavillon de la Sécession - Aquarelle

Académie Royale, projet non réalisé

Eglise paroissiale - Projet non réalisé
Galerie d'Art Moderne - Projet non réalisé 
Galerie d'Art Moderne - Projet non réalisé




















“Une chose qui n’est pas pratique ne peut être belle” (nothing can be beautiful if is not fonctionnel): une phrase qui décrit parfaitement les œuvres d'Otto Wagner, y compris celle de la vie quotidienne, allant des meubles à des bijoux.

Cabinet en acajou, émail, nacre et laiton
Détail du cabinet





Verres et carafe à vin
Pot à feu, élément de décor mural

Fermoirs, argent, malachite, opale, corail, émail et cuivre



Broderie pour la garniture d'un fauteuil pour l'Exposition Universelle de 1900

Il est également l'auteur de nombreuses affiches et publications.

Couverture et enveloppe du Discours pour l'Académie des Beaux Arts

Affiches pour les différentes expositions de la Sécession

 


Planche provenant d'un ouvrage de modèles de motifs 

Ainsi que des vitraux et décors mosaïques.

Atelier première villa Wagner - Vitraux d'Adolf Böhm
Vitrail conçu pour un immeuble de rapport


Mosaïque conçue pour l'église de St Léopold am Steinho



L'exposition termine avec une reproduction photographique de l'architecture de verre de la Caisse d'épargne de la poste (Postsparkasse) qui donne vraiment l'impression d'être dans l’édifice. Une conclusion aussi surprenante que belle pour une exposition à ne pas rater.


dimanche 5 janvier 2020

Sitgès, El Garraf, Catalogne - Intérieurs et façades modernistes.

Sitges était une plage où j'allais souvent, lorsque j'étais enfant et que j'habitais à Barcelone. Je n'y étais pas retournée depuis 50 ans.
C'est aujourd'hui une  petite ville balnéaire extrêmement touristique, avec heureusement de très pittoresque ruelles bien conservées et flanquées de petites maisons médiévales, toutes blanches, aux portes et fenêtres souvent peintes en bleu.

Sitges a été un des épicentres de Modernisme (Art Nouveau catalan). De nombreux artistes s'y retrouvaient autour de Santiago Rossinyol, Miquel Utrillo ou Charles Deering qui ont, chacun, fait construire un bâtiment pour y exposer et entreposer leurs collections d'art. C'est ainsi que des œuvres de différentes périodes se mélangent et, parfois même, s'y confondent, comme c'est le cas de la galerie ouverte directement sur la mer, du Musée Maricel, avec des sculptures qui sembleraient toutes appartenir à une même époque, alors qu'une seule d'entre elles correspond à l'époque du Modernisme. Il s'agit d'une Allégorie de la Méditerranée (1915), d'un sculpteur anonyme et de deux statues de Joan Rebull, originaire de Reus (ville très riche en œuvres modernistes), le Repos (1965-68) et l'Aurore (1960), ou bien encore des éléments médiévaux qui se mêlent à d'autres modernistes. 


Ces édifices permettent également de pouvoir visiter de très beaux intérieurs modernistes, notamment à Can Ferrat, qui abrite les collections de Santiago Rossinyol.






Ainsi qu'au Palais Maricel, qui abritait les œuvres du collectionneur Charles Deering et qui aujourd'hui ne peut se visiter qu'en tour guidé. 






En dehors de ces maisons musées, il y a de nombreuses façades modernistes à voir dans la ville et certains hôtels ce sont installés dans des demeures 1900, avec des résultats plus ou moins heureux.

En arrivant de la gare, j'ai d'abord découvert une des plus belles façades de la ville à mes yeux, avec une très belle entrée.

Casa Pere Carreras i Robert, Carrer Francesc Gumà, 23, architecte Josep Pujol i Brull - 1906


Maison construite pour un "indiano", c'est-à-dire, un espagnol qui s'était enrichi en Amérique. Elle se compose de deux travées, une sur la gauche avec la porte d'entrée surmontée d'un balcon et une fenêtre dont le motif est repris pour les fenêtre du rez-de-chaussée et du premier étage de la travée de droite, composée de 3 étages, avec à chaque niveau, trois ouvertures, celles du dernier étant jumelées.


Tout le niveau du rez-de-chaussée est recouvert de sgraffite, ton sur ton, excepté une bande qui sépare les deux étages, faite de motifs colorés en bleu. Sur le haut de l'édifice, court une frise en trencadis bleu, motif que l'on retrouve également sur les soubassements des fenêtres du rez-de-chaussée. 


Toutes les ouvertures sont ornées de motifs floraux, notamment de chardons.



L'entrée a deux portes en bois sculpté, dont celle menant à l'intérieur de la maison, avec les initiales P.C. (Pere Carrera) gravées et les murs sont recouverts d'un décor de sgraffite de roses.





Casa Antoni Carreras i Robert,  Carrer Francesc Gumà, 17, architecte Eduard Mercader i Sacanella - 1908

A quelques mètres à peine, une villa surmontée d'une tourelle, occupe une parcelle qui fait angle. Aujourd'hui, occupée par un hôtel, elle a été malheureusement défigurée par des peintures rouges et vertes qui soulignent des encadrements du rez-de-chaussée, ainsi que les volets des fenêtres.

La porte d'entrée est surmontée d'une belle marquise et encadrée par deux statues féminines, de provenance inconnue qui n’existent pas sur les photos prises il y a quelques années.

La grille d'entrée et celles qui entournte la propriété sont en fer forgé et reprennent un motif en coup-de-fouet. 




Casa Manuel Planas i Carbonell, Carrer Illa de Cuba, 21, architecte Josep Pujol i Brull , maître d’oeuvre Gaietà Miret i Raventós - 1908

Il s'agit ici aussi, d'une demeure construite pour un "indiano", rénovation moderniste d'un premier bâtiment construit en 1881. 
Voisine des deux précédentes, située dans une rue parallèle, une autre construction d'angle, dotée d'un bow-window aux belles ouvertures, celles du premier étage, avec des vitraux fleuris, aujourd'hui disparus pour la très belle fenêtre semi-circulaire du deuxième, entourée de moulures elles-aussi fleuries. 



Une fenêtre identique est reprise sur un des côtés de l’édifice, correspondant à une entrée latérale avec une porte de garage et surmontée d'une terrasse.







Villa Remei, Avinguda Artur Carbonell, 25, architecte Juli Batllevell -  1911 et agrandie en 1925 par l’architecte Josep Maria Martino

L'architecte étant le même que celui de la maison voisine, si on ajoute le fait que l'édifice n'a pas d'entrée sur la rue, mais une latérale s'ouvrant sur le jardin, il est probable qu'il se soit agit au départ de deux constructions mitoyennes, voire d'une même construction, de plain-pied dont la partie de droite a été surélevée et agrandie.

Son originalité consiste en les deux fenêtres arrondies, notamment celle de gauche et des trois ouvertures ornées de ferronneries de la terrasse.



Villa Subur, Avinguda Artur Carbonell, 23, architecte Juli Batllevell - 1908

Construction comportant trois ouvertures sur la rue, une porte centrale flanquée par deux fenêtres, toutes trois surmontées d'un même décor fleuri.

Toute la façade est recouverte d'un sgraffite blanc sur fond vert clair.




La frise faîtière comporte un cartouche avec l'inscription "Villa Subur". 

Can Bartomeu Carbonell, Plaça Cap de la Vila, 2, architecte Ignasi Mas i Morell - 1913 - 1915

Situé en plein centre ville, cet immeuble élancé est plein de surprises pour qui s'y attarde. Dommage que le rez-de-chaussée soit enlaidis par des vitrines sans intérêt.

La partie la plus remarquable de la construction est celle qui se trouve à l'angle de la rue Major,avec un bow-window en bois au deuxième étage sur’une tour où se trouve une horloge et se termine par un toit pointu avec des doubles pentes recouvertes de mosaïques en trencadis .blancs, jaunes et bleus. 






Une autre rénovation malheureuse d'un édifice moderniste est celle d'un hôtel qui a "intégré" une construction de style éclectique avec une grande tour dans un ensemble moderne sans âme.

Can Severiano Virella, Carrer de Jesús, 16, architecte Gaietá Bohigas -

Construite pour un autre "indiano", cet édifice isolé a été peu à peu complètement englouti par le tissu urbain, au point que la façade côté rue peut passer inaperçue.

Côté jardin et piscine de l'hôtel, se dresse une grande tour, actuellement protégé par un filet.


A l'intérieur, des vitraux sont encore conservés et des dessins anciens sont exposés. 




Sur le bord de mer, plus précisément sur le passeig de la Ribera, il y a plusieurs exemples de constructions modernistes.

Casa Rosario Sans Ferret, passeig de la Ribera, 28, architecte Climent Maynés i Gaspar - 1922

C'est une construction tardive qui, comme le souligne mon collège de blog Valenti Pons, dans cet article  , ressemble beaucoup a un édifice de la Rambla de Barcelona, oeuvre de l'architecte Enric Sagnier.


Casa Simó Llauradó, Passeig de la Ribera, 2, maître d’œuvre Gaietà Miret i Raventós - 1908

C'est un bel immeuble d'angle de trois étages, avec un intéressant balcon et deux fenêtres au coin du premier étage.

Le rez-de-chaussée est, encore une fois, défiguré par les installations d'un hôtel.