L'an dernier, je découvrais la ville de Saint Quentin, riche en constructions Art Déco et je faisais une entorse à ma passion pour l'Art Nouveau. En fait, je suis tombée en amour avec cette petite ville au bord de la Somme. C'est la troisième fois que j'y vais, en mois d'un an. J'y étais pour la Pentecôte, et suite à cette visite j'ai écrit deux articles, un sur le centre ville et l'autre sur le quartier de la gare. J'y suis retournée pour le "week-end des années 20" d'octobre, pendant lequel j'ai eu la grande chance de pouvoir visiter, juste accompagnée par une employée municipale, l’extraordinaire salle du conseil d' l'Hôtel de Ville, que je me dois de publier bientôt.
Hier, j'y suis allée dans le cadre du Printemps de l'Art Déco, d'abord pour une visite de la ville Art Déco, que j'ai vite quittée car le guide n'était vraiment pas à la hauteur, parlant très peu de l'Art Déco, faisant moultes digressions sans intérêt, sans compter d'insupportables propos sexistes. Puis, pour un goûter conférence au buffet de la gare, qui m'a permis, enfin de découvrir ce magnifique intérieur Art Déco avec un conférencier absolument passionnant et fort sympathique, qui avait une très bonne connaissance de l'histoire de la ville et régionale. Je pense, que si Saint Quentin souhaite développer, à raison, des événements culturels autour de l'Art Déco, il doit sérieusement veiller à la qualité et à la formation de ses guides, notamment sur ce sujet.
Le buffet de la gare, situé dans une construction accolée au grand hall, a été restauré entre novembre 2016 et mai 2017, par différentes corps de métiers sous la direction d'un architecte du patrimoine et le résultat est magnifique. Cependant, même si le mobilier originel du buffet a disparu, le choix de celui actuel, n'est à mon sens guère réussi, bien qu'il s'agisse de chaises style Thonet cela ressemble un peu trop à du mobilier scolaire. Tout comme la présence de luminaires très modernes: Caboche de Foscarini, qui coûtent fort cher et n'ont rien à voir avec l'Art Déco. Pourtant, il existe des photographies du mobilier et des luminaires d'origine qui pourraient permettre une réalisation plus proche des originaux. Sur ce site, il est possible de voir les lieux avant restauration.
Reste que Saint Quentin est un magnifique écrin pour de beaux bijoux Art Déco.
Et un de ces bijoux est, sans doute aucun, le buffet de la gare. Son entrée est ornée de petites tomettes verticales, en grès coloré qui rehaussent l'escalier d'accès aux étages supérieurs dans lesquels se trouvaient une trentaine de chambres. Ce lieu est le présentoir de la grande maîtrise artistique d'Auguste Adolphe Labouret, originaire de Laon, venu en voisin, réaliser de petits joyaux en mosaïques et vitraux, comme autant d'échos d’œuvres jumelles réalisées à Paris. Il est ainsi l'auteur des vitraux des escaliers de l'Hôtel Lutetia, identiques à ceux de Saint Quentin et des mosaïques de la Brasserie La Lorraine, place des Ternes, très similaires à ceux du comptoir du buffet de la gare. Par ailleurs, ce n'est pas un inconnu pour moi puisque c'est lui qui a crée les vitraux pour la villa Demoiselle à Reims et je me pose la question sur la possibilité qu'il soit l'auteur des vitraux de l'Hôtel Bouctot-Vagniez d'Amiens, pour lesquels je n'ai trouvé aucun nom à leur associer. Il a du reste réalisé de très nombreux vitraux, notamment dans des églises. Son itinéraire artistique et stylistique est fascinant, allant de la fin de l'Art Nouveau jusqu'à un art très géométrique, proche du Bahaus.
Ici, le vitrail est au plomb et mélange différent types de verres, tout en restant dans des tonalités très monochromes. Il est possible d'observer, dans l'entrée du Buffet, la technique de fixation des différents éléments composant les vitraux, notamment soutenus par une barre métallique au dos.
Superbe !
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